[Christian Roy nous a fait parvenir la dernière mouture de son article sur le « personnalisme gascon », dont la première version date de 1991 et fut publiée – et primée – dans les Annales canadiennes d’histoire en avril 1992. Il y a joint une lettre de Jacques Ellul datée du 19 août 1991 le félicitant pour la qualité de son manuscrit et se disant « particulièrement heureux que vous ayez rendu à Charbonneau sa place prépondérante ». (Voir en fin d’article)]
Version imprimable du Personnalisme gascon
Christian Roy
Aux sources de l’écologie politique :
le personnalisme « gascon » de Bernard Charbonneau et Jacques Ellul
« Qui dit “ni droite ni gauche” est de droite. » Parmi les Nouveaux lieux communs dont Jacques Ellul a fait l’exégèse dans un livre paru en 1966[1], celui-ci a trouvé depuis quelques années une caution historique dans les travaux de Zeev Sternhell, à commencer par son livre Ni droite ni gauche, éloquemment sous-titré L’idéologie fasciste en France[2]. II n’hésite pas à classer sous ce vocable ces « non-conformistes des années 30 » dont la « tentative de renouvellement de la pensée politique française » a fait l’objet d’une étude classique par Jean-Louis Loubet del Bayle. Ces groupes de jeunes réunis autour de petites revues cherchaient à « tirer immédiatement les conséquences des transformations profondes du monde qu’ils constataient ou qu’ils pressentaient[3] », la crise économique n’en étant que le signe le plus frappant, car « la crise est dans l’homme », selon la formule de l’un d’eux, Thierry Maulnier de la Jeune Droite[4]. Cependant, quelles qu’aient été leurs origines idéologiques, ils s’entendaient pour mettre en question – et parfois rejeter entièrement – les catégories politiques traditionnelles telles que « droite » et « gauche », tant sous leurs formes parlementaires que totalitaires, et pour rechercher au-delà des regroupements partisans de nouvelles voies révolutionnaires qui aillent à la racine de l’aliénation de l’homme moderne.