Version imprimable de l’Hommage à Armand Robin
Hommage à Armand Robin
(Article paru en avril 1990
dans Foi et Vie)
Le présent fracas de l’actualité (perestroïka soviétique, répression sanglante en Chine, etc.) pourrait faire croire que le temps des totalitarismes et de leur propagande est révolu, ce serait plutôt celui de leur soi-disant contraire : le désarroi et le scepticisme.
Et le petit livre d’Armand Robin : La Fausse Parole, ne serait plus d’actualité. Mais pour le penser il faudrait ne pas l’avoir lu, tellement par la beauté de la forme et la profondeur de l’analyse il dépasse la simple critique du communisme stalinien et de sa propagande.
Issu des profondeurs de la Bretagne paysanne, Robin, pour défendre les humbles, s’est converti vers 1930 au communisme, puis un voyage en URSS l’en a radicalement détaché : « À l’origine, mes jours indiciblement douloureux en Russie. Là-bas je vis les tueurs de pauvres au pouvoir… » (1) Pour vivre et par vocation de défense de la Parole, au lendemain de la guerre, Robin consacra ses nuits à l’écoute en vingt langues des radios : « Je perçus que le salut par la création esthétique ne suffisait plus : il fallait ou monter plus haut ou tomber d’une chute verticale dans la mort. Le temps n’allait plus nulle part : un événement dont rien ne parlait avait commencé sur le plan des bouleversements non manifestables ; énorme, il remplissait le siècle. Un nouvel esprit humain était quelque part sur le chantier et tous les bruits qui n’étaient pas le bruit de cette construction n’étaient qu’un épouvantable silence ». Armand Robin est mort à 59 ans en 1961, ayant assisté au démarrage de la télévision. Lire la suite