Version imprimable de L’information médiatisée
Bernard Charbonneau
L’information médiatisée,
connaissance ou divertissement ?
(Vice versa n° 35, nov.-déc. 1991)
S’informer ou être informé ?
Qu’est-ce que l’information au temps de l’informatique ? Autrefois, on eût plutôt parlé de « connaissance », au singulier ou au pluriel ce terme d’« information », relativement récent, pollué par la cybernétique, finit par tout – donc rien – dire. Et l’on dira que les cellules d’un gland sont « informées » d’avoir à produire un chêne, comme la propagande produit du communiste ou du nazi. Ayant le parti pris de l’homme, nous nous en tiendrons au contraire ici à l’information humaine, supposée transmettre des connaissances de tout ordre, non mensongères et sensées.
Chaque homme est ainsi un lieu solaire recevant toutes sortes d’appels de l’univers. Mais cette information directe, vivante, active et concernante, est limitée en quantité et en diversité. Aussi pour étendre mon information, autrement dit ma connaissance, je dois accepter d’être informé par ma société : son éducation, ses livres, ses journaux, aujourd’hui ses « media ». À moi d’éprouver ce qu’elle m’apporte au feu de la critique au lieu de me laisser gaver béatement de « savoir ». Dans ce cas, à la fois je m’informe et je suis informé, actif et passif. Je peux ainsi élargir mon horizon bien au-delà de mon espace-temps individuel ; semble-t-il à l’infini.
Ainsi pensons-nous être de plus en plus et de mieux en mieux informés. Mais n’y a-t-il pas forcément contradiction entre s’informer et être informé : entre la qualité de l’information personnelle et active et la quantité d’une information sociale indéfiniment accumulée par le progrès des mass media et celui des sciences ? La surabondance d’information ne la rend-elle pas de plus en plus seulement reçue et invérifiable, ne finit-elle pas par atrophier la capacité à s’informer, c’est-à-dire à connaître ?
Dans ce cas, la prolifération actuelle de l’information aboutirait à changer complètement sa fonction. Au lieu d’accroître la connaissance de notre vie personnelle et sociale, elle nous aiderait à nous en évader. Car la première information que reçoit tout homme tant soit peu éveillé à sa conscience : je vis, l’informe que ses forces et son temps sont mesurés, l’univers autrement vaste que l’esprit qui veut le connaître, et que la mort vient pour qui veut vivre. Comment ne pas l’oublier, s’en divertir en s’informant d’autre chose ? L’information, si elle a le moindre rapport avec la connaissance, au contraire de l’idée reçue, ne va pas de soi, elle est un acte de liberté réalisé à rebours de toute facilité, de nos angoisses et des préjugés qui nous en défendent. Tandis que, chaque matin, l’information médiatisée nous aide à commencer la journée avec l’annonce d’un séisme au Paraguay en beurrant nos tartines, jetant un coup d’œil sur une image aussitôt effacée. Nous en attendons l’événement sensationnel qui vient nous distraire de la grisaille quotidienne. Alors au lieu d’informer, l’information bourre dans les crânes le moindre trou par où pourrait passer un peu de silence et d’air. Au lieu d’accroître notre connaissance de l’humaine condition, n’aurait-elle pas pour fonction de nous en désinformer, et en nous aidant à oublier notre destin individuel, de faire ainsi de nous l’atome indifférencié de quelque Léviathan social ? C’est ce que nous allons voir avec l’information médiatisée actuelle.
L’information médiatisée
Si les capacités d’information et de communication directe d’un homme ont peu évolué, par contre nos moyens techniques ont radicalement changé, comme tout le reste. Dans un premier temps au bouche-à-oreille (aujourd’hui marginalisé en « rumeur », par la science et les media) a succédé celui de la « galaxie Gutenberg », de plus en plus menacée par les phonèmes et les morphèmes de la radio et de la télé du « village électronique ».
Or les moyens pèsent toujours sur les fins. Jusqu’ici, plus ils sont perfectionnés, plus ils sont coûteux, concentrés aux mains de l’État, des trusts ou d’une caste de spécialistes, rouages d’un progrès technique, qui donne à l’image et au son toute la force du réel pour fabriquer ce qu’on appelle par habitude l’Opinion.
Comment libérer l’information et l’opinion de l’État, de la Finance et de la technocratie des media ? À chaque instant médiatisée, l’information menace de dégénérer en publicité-propagande. Car la publicité n’est rien d’autre qu’une propagande économique, comme la propagande est une publicité politique. Et les procédés, les images, les slogans que l’une et l’autre utilisent pour séduire les masses sont les mêmes : le beau gars aux yeux bleus servira à vendre aussi bien un nazisme, un communisme ou une marque de cigarettes.
En général, quand il s’agit de mass media, on réduit la question qu’ils posent à la liberté d’opinion en cherchant à les libérer du pouvoir du gouvernement. Mais alors, n’est-ce pas les livrer aux capitalistes qui les financent, notamment par le biais d’une publicité payée en fonction de la vente ou des indices d’écoute ? Et si on libère l’information médiatisée du Capital, ne la livre-t-on pas à l’État qui subventionne ? Comment sortir du dilemme ? En donnant la liberté aux journalistes, répondra-t-on. Mais alors, en sauvant l’information du pouvoir de l’État et de l’Argent, ne la livre-t-on pas à un troisième pouvoir qui s’impose lui aussi à l’Opinion ? Car la complexité de l’information médiatisée en fait le job d’une caste de journalistes qui, plus encore que les pressions du gouvernement ou de la finance, subissent celles de leur métier. À la limite, le moyen technique : grande presse, radio, télé, devient la fin. « The medium is the message », comme l’a proclamé un prophète canadien.
Le journaliste, autrefois un artisan et un bateleur peu considéré, se formait empiriquement sur le terrain. Il l’est maintenant méthodiquement, comme les autres techniciens, dans des instituts spécialisés délivrant un diplôme. Il y reçoit une culture générale qui lui permet de parler de tout. Il y apprend à se servir des instruments de sa profession et il est formé dans son optique. Sa raison d’être est la rapidité, la communication la plus prompte possible d’une information objective – entreprise contradictoire, l’objectivité demandant un temps de recul. Il doit aussi savoir sélectionner les faits en fonction de leur importance. Selon quels critères ? L’actualité sensationnelle : tout le journalisme est dans ces deux mots. L’actualité, aujourd’hui tombée du ciel comme l’éclair, en direct s’il se peut au moment même où elle se produit – aussitôt annulée par une autre. Sensationnelle : frappant les sens à l’aide de gros titres ou d’images : d’où l’appel au sexe, au sang et à la mort. Ceci à l’aide de moyens techniques qui donnent à l’image, à la différence de l’imprimé, l’effet de choc de la présence réelle. Le critère permettant de distinguer l’essentiel de l’accessoire est le « scoop » qui étalonne strictement les informations : catastrophes, guerres, personnalités sélectionnées selon leur intérêt médiatique, etc.
Le Troisième Pouvoir contrôle ainsi l’action à sa source : l’information et sa communication. Pouvoir automatique, qui n’a pas besoin d’être enregistré par la loi, ni par la conscience de ceux qui le subissent ou l’exercent. Le journaliste de bonne volonté n’a guère la possibilité, surtout pas le temps, de se dégager de la pression de son métier. Ainsi la censure de l’Argent ou de l’État est seconde par rapport à celle des media ; comme le public perd l’habitude de s’informer et prend celle de l’être par eux, notamment la télé, la liberté de l’opinion devient celle des médiateurs, eux-mêmes soumis aux déterminations de l’argent et de leur métier.
Le médiateur répliquera qu’il ne fait que répondre à la demande, qu’il n’est lui aussi qu’un média, un intermédiaire qui aide l’opinion non seulement à s’informer mais à s’exprimer. Or c’est peut-être là le plus grave. Comme toute industrie, les mass media doivent tenir compte de leur matériau : la masse. D’où la multiplication des enquêtes et l’audimat permanent de la télé : une émission où les indices d’écoute sont trop bas est supprimée, ou refoulée à une heure où les téléspectateurs sont couchés. Qui dit moyenne disant médiocrité, la tentation est grande de viser au bas-ventre, et les media ne s’en privent pas. Ils rendent ainsi la masse de plus en plus massive, la fabriquent là où elle n’existait pas.
La formation d’une véritable opinion est le fruit d’une information interpersonnelle, spontanée et active. L’information médiatisée en fabrique un ersatz, fait d’une masse d’atomes isolés, passifs devant leur machine. Au lieu d’informer des personnes sur leur vie réelle, l’actualité sensationnelle les en divertit, transformant l’acteur en spectateur. Au retour du travail, on ne demande pas à la télé l’information mais l’oubli ; elle se dégrade en un western d’autant plus passionnant qu’il se donne pour un reflet de la réalité. Accablées sous un flot d’événements discontinus, la mémoire et la réflexion se perdent. En valorisant choses et vedettes à la mode, le scoop redouble stéréotypes et conformismes fugaces. Au lieu d’ouvrir une porte sur l’au-delà, l’information médiatisée « fait écran », interdisant avec toute parole et pensée non conformes toute chance de renouvellement pour la société et ses membres.
Un scoop : la guerre du Golfe
La guerre est un cas limite qui, pour diverses raisons, pose de façon particulièrement nette le problème actuel de l’information. En pareil cas, peut-on librement informer l’opinion comme le supposent les spécialistes des media ? N’y a-t-il pas des situations où l’information devient impossible, comme en temps de guerre où le silence et même le mensonge : la désinformation, deviennent nécessaires ? Ersatz qu’il faut d’autant plus fournir qu’à ce moment-là le public la réclame à grands cris. N’était-ce le soldat ou le civil, directement informé par l’explosion des bombes, est-il spectacle plus sensationnel que la guerre ? Au lieu d’appuyer sur le bouton, cela vaut la peine d’y réfléchir. Mais comment faire du silence dans le tonnerre des canons ?
Les guerres modernes mobilisent les peuples. Elles se transforment en des sortes de croisades où la certitude de servir la vérité l’emporte sur l’objectivité. Tandis que les esprits s’engagent, la propagande complète la censure qui occulte l’information.
Or plus que d’une autre guerre, l’opinion ne reçoit de la guerre du Golfe qu’une ombre médiatisée. Le mot guerre nous trompe. Celle-ci n’a rien à voir avec la vraie : la guerre totale qui englobe la planète et la vie de chacun. Jusqu’à la perestroïka, il n’y aurait eu qu’une guerre, entre les USA et l’URSS, les autres nations entraînées à leur suite. Et c’eût été la dernière.
C’est parce que la guerre du Golfe n’est pas la vraie qu’elle est si médiatique. De tout temps, les hommes se sont divertis des batailles lointaines. Besoin d’information ? – Tout autant de sortir de la grisaille quotidienne, de participer assis clans son fauteuil à une tragédie réelle qui se passe à l’instant même : d’autres meurent, je vis. Grâce aux media, j’apprends qu’un Scud vient de tomber sur Israël. Quelles victimes ? – Attendons la prochaine émission. Saddam évacue-t-il le Koweit ? – Non. Il impose ses conditions. Bush les refuse, Gorbatchev intervient. L’assaut va-t-il être donné ? – L’ultimatum expire à six heures (quatre heures moins dix à ma montre). Quel suspense ! Les tanks sont là sur l’écran, qui attendent. Le scoop succède au scoop ; jamais actualité ne fut aussi sensationnelle. Comme en 1939-45, mais cette fois sans bombes et le ventre plein, la nouvelle nous attend d’heure en heure. À droite, à gauche, pour ou contre, le fantôme de la guerre mobilise les esprits. Mais pas les corps.
En dépit de la médiatisation des risques de terrorisme et de pénurie, notre confort et notre vie ne sont guère menacés. Cette guerre locale n’est pas totale, elle n’oppose pas les deux vraies puissances mais une superpuissance à un tyran du tiers-monde qui rêve d’empire : Saddam n’est ni Hitler, ni Staline. Impuissant sur le terrain militaire, reste celui des media. À la poursuite du scoop, CBS envoie des reporters à Bagdad et Saddam pousse l’obligeance jusqu’à les loger dans un palace à l’abri des bombardements plus ou moins « ciblés ». Tandis que dans la vraie guerre la présence de journalistes alliés à Berlin eût été impensable. Bien entendu, la censure ennemie contrôle ces « informations ». En temps de guerre de part et d’autre il n’y a plus que des propagandes. La connaissance des faits réels étant réservée aux véritables acteurs, reste aux media, refoulés loin du front par les militaires, à remplir le vide pour divertir l’Opinion. À défaut d’information, on la gave d’ombres. Faute de pouvoir constater sur place les effets de la marée noire sur les plages du Koweït, on tire des archives de la télé des photos d’oiseaux mazoutés. D’instinct nous croyons l’image plus vraie que l’imprimé, alors qu’elle donne seulement à l’illusion ou au mensonge toute la consistance de la réalité. Rappelons-nous ces images bouleversantes du charnier de Timisoara, ce n’était qu’un charnier spectaculaire fabriqué avec les cadavres d’un hôpital ; alors que nous ne savons rien des vrais, à la Kolyma ou ailleurs. La vérité n’est connue qu’avec du retard.
On n’est indirectement informé d’une guerre que plus ou moins longtemps après. Une actualité chassant l’autre, qui se souvient aujourd’hui de l’information bidon entretenue par les media dans la soi-disant opinion ? S’il y a critique, à eux de la faire : prendre les devants en occultant les questions gênantes fut toujours le meilleur moyen de les éviter. Pour ce qui est des vôtres, n’y comptez guère, c’est aux spécialistes de la liberté et de l’objectivité d’informer le public. Comme ils sont démocrates, peut-être vous donneront-ils la parole : deux minutes au téléphone ou à sept heures du matin dans l’émission Merci de nous avoir laissés parler.
Esquisse des conditions d’une renaissance de l’opinion
Maintenant que la guerre du Golfe est finie, qui nous sauvera de la grisaille des jours ? Heureusement que les media s’en occupent, comptons sur eux pour nous distraire de vivre. Pour une part cependant leur pouvoir n’est si grand que parce qu’ils répondent à notre demande. La puissance de la technique et des techniciens n’est qu’un produit de la faiblesse humaine. Mais si elle agit, c’est pour fournir un ersatz à la soif d’information : de connaissance, de tout esprit humain. L’homme n’est pas un simple objet de quelque technique, par ailleurs il est libre. Donc à chacun de reprendre le pouvoir de s’informer et d’informer, au lieu d’attendre dans son fauteuil l’information tombée du ciel.
Les media nous la fournissent toute mâchée. Nous perdons ainsi l’habitude de nous référer à nous-mêmes. Et la liberté et l’égalité ne sont plus que des mots, dissimulant la montée d’une société de masse informée par une oligarchie scientifique et technique.
Pour qui s’obstine à croire à une démocratie libérale, il est urgent de rendre sa place à l’information personnelle et directe, seule capable de vérifier et de relativiser l’information indirecte. Si l’auteur de ces lignes s’est posé dès avant la guerre la question « écologique », c’est parce qu’il a jugé plus important le changement produit dans sa rue par l’apparition des autos que l’actualité politique – ô combien sensationnelle ! – de son époque.
Plus ou moins médiatisée par l’imprimé, la radio ou la télé, l’information exige la même distanciation critique que vis-à-vis de sa propre expérience. Et comme les mass media isolent pour massifier, il vaut mieux que ce travail se fasse en commun. Habituellement passifs devant leur journal ou leur écran, les individus pourraient le quitter afin de comparer et de discuter leurs réactions devant l’actualité. L’auteur de ces lignes l’a tenté en 1938-39 dans un club de presse, avec l’efficacité que l’on pense. Pourtant, ces sortes de clubs tenus dans des cafés furent nombreux et vivants à la veille de la Révolution de juillet 1830 qu’ils ont contribué à provoquer. Aujourd’hui, qui serait prêt à descendre dans la rue pour défendre la liberté de la presse ? Certes, un tel travail de dépollution cérébrale en commun n’atteindra l’Opinion qu’à la longue ; sans être la condition suffisante du rétablissement d’une opinion publique, il n’en est pas moins la condition nécessaire. Une action ayant pour fin le changement social qui se contenterait d’obtenir l’accès aux media dresserait un mur sans fondement et serait vite récupérée par l’état social qu’elle prétendait transformer.
Car le système actuel ne fonctionne que grâce au monopole de l’information et de sa communication des media. De là partent les signaux qui maintiennent et déplacent automatiquement les masses dans l’ensemble social : leur réseau constitue l’invisible squelette d’un monstre vivant – d’un « superdinosaure » – en développement accéléré. Il est donc essentiel pour tous ceux qui veulent rendre taille et sens à l’histoire humaine de créer un réseau d’information et de communication parallèle. Entre autres, il manque à l’opposition de Sa Majesté le Développement scientifique, technique et économique à tout prix, une revue qui servirait de moyen de réflexion et d’expression à une fédération internationale de sociétés de pensée locales, consacrée aux problèmes que le monde actuel pose à la planète et à la liberté de l’homme. Certains moyens techniques actuels (imprimantes, photocopies, etc.) pourraient servir à cette libération des esprits de la toile d’araignée médiatique. C’est plutôt la volonté de s’engager dans une entreprise peu payante au départ qui manque. Pourtant, cette entreprise qui les concerne directement devrait séduire autrement les intellectuels que l’engagement dans un parti politique.
Enfin – enfin seulement – reste la possibilité d’utiliser les mass media. C’est précisément celui qui est sans illusions sur le prix à payer qui est seul qualifié pour le faire sans en être la dupe plus ou moins complaisante. Si la critique esquissée dans cet article est en gros exacte, il est évident que les lois sur la liberté de la presse votées au temps de la machine à vapeur doivent être révisées en fonction de la réalité des mass media. Il ne suffit plus de protéger la vie privée du bourgeois de 1885 et d’interdire la diffamation. Les media tendant à exercer une influence totalitaire, il faut cantonner une publicité-propagande qui tend à tout envahir, à traquer la nature et la liberté dans leurs dernières retraites. De même qu’il y a des « réserves naturelles », il faut en maintenir d’autres, laissées au secret, à l’ignorance et au silence, dont seul le bouche-à-oreille devrait informer. De tels espaces, ultimes plages ou tribus, lieux de cueillette ou de fêtes, devraient être interdits non seulement au viol médiatique mais à l’exploitation scientifique, points de départ d’une destruction et d’un contrôle total.
Car l’information médiatisée n’est qu’un des rouages de ce « Meilleur – ou Pire – des Mondes », à venir, qui est la question posée à tout homme en cette veille de l’An deux mille.
Je m’accroche à une phrase dans cette présentation, pour l’interroger, et nous avec : « Au retour du travail, on ne demande pas à la télé l’information, mais l’oubli »…
A la fin des années ’70, quand je suis arrivée en France, « on » ne demandait pas l’oubli en tant que spectateur de la télé, de retour du travail. Si l’on l’avait fait, je n’aurais jamais acquis une culture du cinéma… américain, mon pays d’origine, dont je ne connaissais pas l’histoire du cinéma, ni les grands films du passé.
Ce qui m’interroge, comme souvent, c’est la mise en place de la disjonction, qui voudrait qu’on soit sommé de bucher comme des… esclaves ? sur son lieu du travail, pour ensuite gober des cirques virtuels sur la télé après. Sans doute, le statut du travail dans notre civilisation s’est sérieusement dégradé dans nos têtes, au fur et à mesure que nous avons évacué… avec enthousiasme, et… « vertu », la richesse des métaphores permettant de considérer l’esclavage comme autre chose qu’une affaire.. matérielle, et de travail « manuel ». (Nos pauvres mains qui nous ont grandement rendu intelligents, sont frappées d’anathème, pour notre consternante.. bêtise.)
Est-ce que, des fois, l’empire Romain progresse insidieusement dans les têtes, avec son cortège de pratiques.. idolâtres, de « eidon », en rapport avec l’image ?
L’Homme est un animal qui a des yeux… et des oreilles. Quand on s’adresse trop… aux yeux, ses oreilles en souffrent, et vice versa.
Une télévision qui abrutit ? l’Homme n’est pas fatale. Mais il faut avoir de l’énergie, et de l’imagination pour.. l’imaginer. Là, nous sommes collectivement un peu en panne en ce moment. D’autant plus que nous sommes gouvernés par… le mépris, des autres, et de nous-mêmes en ce moment, il me semble.
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Bonjour, je suis un lecteur italien de Bernard Charbonneau. En italien j’ai lu « Le Jardin de Babylone », « L’hommauto » et « Le systeme e le chaos », en français j’ai lu « Je fus, essai sur la libertè ». J’ai presenté l’edition italienne du Jardin de Babilone l’anné passé en Bergame, chez de chers amis du collectif français « PMO », « Resistenze al nanomondo » (https://www.resistenzealnanomondo.org/wp-content/uploads/2022/10/charbonneau-presentazione-bianco-nero-1.png)
Je suis en train d’acheter un copie de « L’Etat » mais dans l’internet il n’est pas disponibile. Pouvez vous m’aider?
Merci pour votre travail pour ce blog. Chaque fois que je lis quelque chose ici, dans mon bureau de l’état civil italien, je dois m’efforcer de retenir mes larmes…
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Merci beaucoup, cher Leonardo, pour ce témoignage. Malheureusement l’éditeur R&N n’a pas imprimé suffisamment d’exemplaires de « L’Etat » pour faire face à la demande, et il a rapidement été épuisé.
Nous avons insisté de nombreuses fois auprès de R&N pour qu’il soit réédité, espérons que votre requête, que nous lui transmettons, fasse avancer les choses.
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