La crise de la Culture, de toute façon, ne saurait indéfiniment durer. L’esprit ne peut pas rester longtemps séparé du corps : de la vérité, de la réalité et du peuple. Ou il se réincarnera, ou il disparaîtra dans le néant. La crise de la Culture, c’est-à-dire la Culture, n’a qu’un temps, soit qu’elle disparaisse avec l’homme dans une organisation totalitaire, soit qu’une pensée, donc un art, vivants, renaissent d’un homme libéré. Mais ce n’est pas là un problème culturel ; la « crise de la culture » sera tout autant résolue par un esprit, une politique et une économie neuves. À la personne comme à la société, la gloire de la beauté est toujours donnée par surcroît ; si l’esprit nourrit la racine, il s’épanouit dans la fleur.
Le Paradoxe de la culture, Denoël, 1965