Et nous voici, tenant à la main la moitié déchirée de cette image qui fut l’homme : les réalistes sans pensée, ou les penseurs ignorant du réel. Par les voies du rêve, puis celle de l’action, toujours condamnés à produire des fruits empoisonnés. Car il est aussi facile d’agir sans pensée que de penser sans agir… Si la révolte humaine veut la proie de la liberté et non l’ombre, il lui faut tenir à la fois les deux bouts de ce tout dont une part plonge aux enfers et dont l’autre s’envole vers la lumière. La matière et l’esprit, la nécessité et la liberté, l’efficace et le juste, la société et l’individu, il nous faut réunir l’un et l’autre. Tout est dans la conjonction. Mais pour être un homme, pour rassembler ainsi ce qui se fuit vers en bas et vers en haut de toute la force du corps et de l’intellect, il faut l’énergie d’Hercule…
Prométhée réenchaîné, La Table ronde