La question fondamentale, ce n’est pas de savoir si l’emploi de l’énergie atomique fera le bonheur ou le malheur de l’humanité, mais si, dans cet emploi, l’homme sera libre ou serf, question à laquelle il est beaucoup plus facile de répondre. La tâche immédiate, c’est de constater dans quelle mesure les nouveaux moyens commandent de nouvelles servitudes et de lutter pour que les hommes prennent conscience du terrible problème que leur pose cette antécédence des moyens. La tâche, c’est de mettre en question ce donné que tous acceptent, sans préjuger de la réponse. Mais n’est-ce pas parce que la réponse est impliquée dans la question que tant d’hommes ne se la posent point ?
«An deux mille», conférence donnée fin 1945 à Pau, reproduite dans
Nous sommes des révolutionnaires malgré nous, Le Seuil, 2014