Citations, 4

Nature… ce mot éveille en nous le pressentiment d’un donné fondamental et sacré qui est à l’origine de notre vie, physique et spirituelle : le mythe de l’Éden ou de l’âge d’or signifie seulement que ce qui est au terme de notre effort est aussi donné au départ. Il nous rappelle, à l’instant même où nous sommes en train de le rompre, notre lien avec le cosmos ; que nous sommes à la cime d’un équilibre qui – s’il nous entraîne dans la mort – nous a aussi donné la vie. Il faut être bien superficiel pour réduire la nature à un spectacle, ou à un stock d’énergie et de matière première. Les romantiques disaient : la nature est une mère… Ils avaient tort, elle n’est pas une mère au sens sentimental du terme, elle est la Mère : l’origine de l’homme. La pourpre de l’aube est faite de l’indicible colère des soleils, et ces fleurs sont des foudres. Malheur à qui ne les toucherait pas avec la délicatesse d’un dieu ! Il sera calciné par le déploiement de l’énergie que contenait leur forme.

Le Jardin de Babylone (1969), Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, 2002

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